19 mars 2017

Le billet d’humeur du Dr Jean-Michel Muller,

pédiatre libéral à Nice, ancien Premier Vice-président du SNPF

Voilà donc cette convention 2016, signée par des ignorants de la Pédiatrie.

Qui représente les pédiatres dans ces syndicats FMF, Le Bloc, et MG-France ?

Combien de pédiatres libéraux sur 2.600 sont adhérents à la FMF ?

Jusqu’à quand va-t-on gommer les connaissances et les compétences de médecins qui se sont spécialisés pendant au moins 4 ans exclusivement dans le domaine de la médecine de l’enfant, expertise pourtant reconnue par la population qui se bouscule dans les salles d’attente des pédiatres ?

Ce début de CCAM clinique tarabiscotée, dont on exclut en partie le pédiatre S I et S II OPTAM, et complètement les pédiatres S II non OPTAM, sera de surcroit ingérable.

Mais aussi, comment a-t-on pu exclure d’une consultation pédiatrique le petit d’homme au moment où il est le plus vulnérable, ses 28 premiers jours, en réclamant que seuls les nouveau-nés malades avérés, consultent de façon valorisée un pédiatre ? Quelle est cette prévention néonatale dont se targuent les caisses ?

Dans la même ligne, quelle folie discriminatoire a-t-elle atteint les médecins signataires pour accepter que le supplément que mérite un pédiatre appelé pour un nouveau-né en pleine nuit à la maternité ne vaille que 40 € alors qu’on le double à 80 € pour l’anesthésiste et l’obstétricien ?

Et encore, comment les signataires de tous bords ont-ils admis de ne pas rembourser au tarif opposable les patients (payant leurs cotisations sociales comme les autres) qui consultent les secteurs II non OPTAM (payant intégralement sans prise en charge par les caisses leurs cotisations sociales et ASV de la CARMF), et qui les consulteront de toute façon même si ça leur coûte ? Ce seront toujours des prestations que les caisses ne rembourseront pas pour faire des économies ? Alors même que nul n’ignore qu’à force de limiter les revenus des médecins, la fuite vers le secteur II devient une aspiration légitime d’un grand nombre de médecins et la seule possibilité de survie pour la plupart.

Les caisses prennent le risque que, dans une région donnée, une majorité de médecins  partent – pour les plus vieux du moins – en retraite anticipée, choisissent d’exercer à l’étranger, ou se tournent vers le salariat, voire même se déconventionnent et fassent des consultations comme les ostéopathes ! Cette combinaison de possibilités aurait pour conséquence de diminuer l’accès au pédiatre, et donc d’aggraver les difficultés d’accès aux soins !

Cette convention est tellement discriminatoire vis à vis des spécialistes en pédiatrie ambulatoire, et tellement éloignée du terrain pédiatrique qu’on peut se demander si cette volonté de nous nuire ne nécessiterait pas une plainte devant le défenseur des droits ! Entrons nous là-dedans ? Sommes-nous victimes d’actes discriminatoires ? (actes fondés sur les distinctions opérées entre les personnes physiques en raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée).

Car c’est bien notre origine qui nous pénalise : Nous avons eu le tort de nous spécialiser dans la Médecine de l’enfant !